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VIOLENCES ET DISCRIMINATIONS BASÉES SUR L’ORIENTATION SEXUELLE ET IDENTITÉ DE GENRE

ARTICLE DE BLOG

VIOLENCES ET DISCRIMINATIONS BASÉES SUR L’ORIENTATION SEXUELLE ET IDENTITE DE GENRE

Par M. MBOUMBA NZIGOU Gaël

Cet article contient les informations sur les enquêtes réalisées sur le terrain par les organisations de la société civile (ACAEC, APVC, AANC) sur les cas de violences et discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre en République du Congo entre le 15 février 2022 et le 29 mars 2024 dans le cadre des projets exécutés sur le terrain (1). Il s’appuie sur un échantillon de 175 ménages (personnes) dont l’âge varie entre 15 et 39 ans.

Typologie de violences et discriminations basées sur l’orientation sexuelle

La documentation des violences et discriminations à l’égard des populations clés constitue un moyen efficace pour recueillir les données probantes basées sur les évidences et de mettre en place un mécanisme d’alerte précoce pour assurer la prise en charge des survivantes des violences. Les données collectées sur le terrain ont mis en évidence les formes de violences suivantes : les violences physiques, psychologiques, économiques, sexuelles et autres.

Graphique 1- Formes de violences

Ce graphique montre que les minorités sexuelles et de genre font l’objet en grande partie des violences psychologiques. Celles-ci se manifestent par: les injures, insultes homophobes et moqueries; l’exclusion des personnes hétérosexuelles étiquetées dans les activités communautaires; les menaces, chantage et intimidations à l’égard des minorités sexuelles; les résiliations abusives du contrat de bail et expulsion des domiciles familiales du fait de son orientation sexuelle; les rejets familiaux et communautaires et renvois de milieu scolaire et les discriminations en milieu hospitalier…

Il y a ensuite les violences physiques qui se manifestent par: l’atteinte à l’intégrité physique d’une personne du fait de son orientation sexuelle (coups et blessures volontaires, ); les disputes entre partenaires du fait de la jalousie (récurrence des cas dans la communauté LGBT); l’utilisation de la force physique comme moyen de correction; les agressions physiques de la part des forces de l’ordre et des gangs ; les arrestations et détentions arbitraires perpétrées par les agents de forces de l’ordre sur la population et les règlements de compte dans les familles, etc.

Les violences économiques, qui se situent autour de 13%, sont marquées par la privation des ressources financières, les extorsions des biens, arnaques ou chantages d’un partenaire et les discriminations économiques dans les familles (rejet des enfants LBGT, multiplicité partenaires).

Les violences sexuelles qui représentent 7% sont celles qui portent atteinte à l’intimité physique d’une personne à cause de son orientation sexuelle: viols, test anal, utilisation de la force pour satisfaire à un désir sexuel. La loi du silence règne sur ces violences fréquentes, commises le plus souvent par des proches(membres de la famille, voisins immédiats…).

Les autres formes, soit 22%, comprennent les discriminations faites aux populations clés : refus de prise en charge médicale, expulsion scolaire et harcèlement, les discriminations en milieu des soins, l’interdiction d’exercer une activité professionnelle, les destructions méchantes des biens, l’interdiction arbitraire d’accès aux services commerciaux, les tentatives

d’assassinat, le blocage d’accès à la justice, l’abandon de famille et privation de garde d’enfants..

Lieux et espaces des violences et discriminations basées sur l’orientation sexuelle et identité de genre (OSIG)

Les principaux lieux de commission des violences et discriminations basées sur l’OSIG

identifiés sont : les maisons ou résidences familiales (29,6% ); la rue (17,2 %); les lieux de commerce (14,3%), les lieux publics (7,8%), les établissements scolaires (7,2%), centres de santé/formations sanitaires (5,2%); les réseaux sociaux et/ou en ligne (11,5% ). Les autres lieux qui représentent 6,8%, sont : travail, université, bus, lieu de prière, justice, maison à louer, salle de sport, hôtel, chez une personne connue, marchés, etc.

Les principaux auteurs de violences et discriminations basées sur l’OSIG

Les résultats de l’enquête réalisée sur le terrain permet de classer les principaux auteurs comme suit: les parents et proches (29,9%), les groupes des personnes inconnues des victimes (24,7 %) , les partenaires intimes et personnes connues(12,9%), les agents de force publique (9,1%).

Les autres auteurs qui représentent 23,4%, sont les suivants: les partenaires sexuels, propriétaires de maisons/logeurs, employeurs/collègues de travail, fournisseurs de services commerciaux, minorités sexuelles et de genre, personnel école/université, professionnels de la santé et magistrats, journalistes, clients et vendeurs ambulants….

Graphique 2- Les auteurs identifiés dans les VBOS/VBIG

Les dommages identifies sur les VBOS

Les dommages causés par les violences et discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, sont en première place psychologiques, physiques ou corporelles. Les autres formes de dommages peuvent être les suivants : la perte de lieu de prière, le manque de logement, la limitation de mobilité, le manque d’accès à l’éducation, le refus de fréquenter les boites de nuit, l’éloignement des lieux, l’arrêt des activités sportives, la rupture de la relation avec un partenaire intime, fuite de domicile, l’exil, l’expulsion familiales, les tentatives de suicide, la perte de travail et/ou activités commerciales, et le manque d’accès aux soins médicaux.

Les recommandations

La documentation des cas de violence et discrimination apparait comme une stratégie d’assistance, de surveillance et de plaidoyer, nécessitant des ressources humaines, financières et matérielles conséquentes. Les différents acteurs devraient contribuer au processus de production/collecte des données probantes sur les évidences de violation des droits humains des groupes marginalisés pour appuyer le plaidoyer. Les résultats de la documentation permettront de bâtir des stratégies de lutte contre les violences et discriminations basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre et renforcer le plaidoyer tant au niveau national qu’international.

Références

1-Quelques documents de références ont été utilisés dans le cadre de cet article: (i)-Association Coeur Arc-En-Ciel. Rapport de documentation 2022-2023 à Brazzaville et Pointe-Noire. 2024. Publication dans le cadre du projet Lissanga- Défi 3 financé par Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme.; (ii)-République du Congo/ Ministère de la Santé et de la Population, «Analyse des obstacles liés aux droits humains et au genre dans l’accès aux services VIH et Tuberculose. Brazzaville 2023.

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